Le mouvement dit du « 10 septembre », également surnommé « Bloquons tout » ou « Mobilisation le 10 septembre », est un appel citoyen diffusé depuis juillet 2025. Il se présente comme une mobilisation non structurée, revendiquée comme apolitique, sans affiliation syndicale ou partisane, et inspirée du mouvement des Gilets jaunes. Il se veut une réponse radicale aux orientations budgétaires annoncées par le Premier ministre François Bayrou : suppression de deux jours fériés, coupes dans la santé, gel des retraites, suppressions de postes dans les services publics.
Le mouvement revendique un « arrêt total et illimité du pays » à compter du 10 septembre 2025, combinant boycott, désobéissance civile et actions de solidarité : cesser de consommer ou de payer, occuper des lieux symboliques, organiser des caisses de soutien, créer des espaces de coordination locaux.
De nombreux partis de gauche, comme LFI, les Écologistes ou le PCF, ont apporté leur soutien — parfois critique — à cette mobilisation.
Le Parti socialiste, lui, ne saurait y souscrire. Entendre les revendications légitimes, bien sûr. Mais soutenir, en tant que tel, un mouvement dont on ne connaît ni les représentants — à supposer qu’il en ait — ni les motivations profondes, jamais.
En le faisant, nous prendrions le risque d’être comptables de possibles débordements et troubles à l’ordre public, mais aussi d’alimenter le récit d’une démocratie représentative et sociale en panne. Ce mouvement est avant tout le reflet d’une colère profonde des classes populaires et moyennes, épuisées par une politique d’austérité jugée injuste. Il ne doit pas être perçu comme une opportunité politique pour tout conflictualiser, ni comme une reprise de la stratégie éculée du bruit et de la fureur chère à Jean-Luc Mélenchon, mais comme un révélateur d’un malaise croissant.
Derrière l’appel au blocage résonnent des inquiétudes bien réelles : baisse du pouvoir d’achat, dégradation des services publics, absence de perspectives. Autant de sujets sur lesquels, nous socialistes, devons proposer des réponses justes et efficaces.
Car adopter une tactique de « bordélisation » permanente — jouer sur la confusion, multiplier les mobilisations désordonnées — pénalise avant tout ceux qui ont le moins. Les plus vulnérables, ceux qui font vivre notre société, sont toujours les premières victimes des blocages : transports, écoles, soins, alimentation.
Quand on est socialiste, on croit en la démocratie sociale et en la démocratie représentative comme remèdes aux crises. Oui, je partage la colère et l’aspiration légitime de nombreux citoyens. Mais les responsables politiques ont un devoir : apporter des solutions concrètes. Se joindre à un mouvement dont on ignore tout des intentions comme des acteurs, c’est prendre le risque de diluer cette colère dans le vide, ou pire, d’offrir une tribune aux forces extrêmes.
Au fond, le 10 septembre ne doit pas être vu comme une opportunité pour nourrir le désordre, mais comme un signal d’alarme. Derrière cette colère, il y a un peuple qui demande de la justice, de la protection et de l’écoute. Notre rôle, en tant que socialistes, n’est pas d’ajouter du chaos au chaos, mais de transformer ces cris de colère en solutions crédibles, solidaires et démocratiques.