BAPTISTE MÉNARD

Billet d’humeur : Faire de notre parti, le centre de l’union de la gauche et des progressistes

Beaucoup journalistes s’évertuent à présenter le débat de notre congrès comme un affrontement entre la direction actuelle et ce qu’ils appellent « l’aile droite » du parti socialiste.

Cette présentation quelque peu géométrique de la situation me remet en mémoire les termes de Philippe Val qui, en 2005 opposait, au sein de la gauche ceux qu’il appelait les « crétins » et ceux qu’il appelait les « traîtres ». En ironisant : Guesde voulait qu’on laissât la bourgeoisie régler ses problèmes toute seule, Dreyfus étant une affaire bourgeoise. C’était un crétin ; Jaurès s’est engagé dans la défense d’un capitaine juif d’origine bourgeoise. C’était un traître.Blum était traître car il ne croyait pas à la nécessité de la suspension des droits démocratiques pour réussir une révolution bolchevique.Et Philippe Val se posait la question, qui reste vraie aujourd’hui :Pourquoi et comment, depuis le début de l’histoire, les crétins ont-ils réussi à entretenir l’idée qu’ils étaient plus à gauche que les traîtres ?

Les plus anciens d’entre nous se souviennent peut-être de François Mitterrand au congrès de Grenoble (celui de 1973) déclenchant les rires en mimant un oiseau avec une seule aile en ironisant à propos de ceux que l’on présentait comme « l’aile gauche » du Parti d’alors. 

Est-ce être « la droite » que de proposer , je cite bien sûr notre contribution : un Front de classe, c’est-à-dire le rassemblement des classes populaires, des classes moyennes, des classes aisées, la réunion des territoires, les centres urbains, les quartiers populaires, les zones rurales et les Outre-mer. 

Est-ce être « la droite » que d’affirmer haut et fort (je cite encore) L’héritage est le moyen de reproduction des inégalités le plus puissant qui existe .

Ou encore : Il nous faut affirmer que la France est métissée dans une Europe qui l’est tout autant.

Est-ce être «la droite » que de refuser pour demain, comme nous le refusions pour notre part déjà avant le congrès de Marseille, de nous aligner sur un mouvement qui, à nos yeux, n’appartient pas à « la gauche » quand il prête le flanc, à raison, au soupçon d’antisémitisme ? Qui instrumentalise les frustrations, réelles, d’une partie de la jeunesse issue de l’immigration, les réduisant ainsi à leurs prétendues origines ou à leur religion ?

Est-ce être « la droite » que de vouloir cet « Epinay 2 », rassemblant tous les socialistes aujourd’hui dispersés, et donc affaiblis ? Faudrait-il croire que « Epinay 1 », avec François Mitterrand, Pierre Mauroy, Gaston Defferre, Jean-Pierre Chevènement … c’était l’œuvre de « la droite » du Parti ?

Pour notre part, nous n’entrons pas dans ce jeu puéril du « plus à gauche que moi tu meurs ».

Nous savons que l’union à gauche est nécessaire, indispensable. Nous la pratiquons dans nos communes, dans nos collectivités locales. Dans l’action quotidienne. 

Et le cœur du projet que porte notre contribution, et peut-être demain le Texte d’Orientation qui sera proposé aux militants du Parti, c’est de faire de notre Parti le centre de l’union de la gauche et des progressistes.