Quand on se pique de commenter l’actualité politique, on se sent quelque peu obligé de réagir au discours de politique générale du Premier ministre. Mais force est de constater qu’il est difficile de commenter autrement que par des postures préétablies un discours plutôt terne, visant visiblement à contenter « en même temps » la chèvre et le choux. Visiblement, le Premier ministre, Michel Barnier est sous surveillance sinon sous tutelle. La semaine dernière, il tançait un de ses ministres qui avait eu l’audace de déplaire au Rassemblement National. Dans le même temps, il ne bronchait pas quand son ministre de l’Intérieur envisageait sereinement de se soucier de l’État de droit comme d’une guigne. Même si on ne partage pas le choix du seul ministre issu de la gauche, on souffre un peu de voir cet homme qui tente semble-t-il avec une certaine dignité de sauvegarder les principes essentiels de la République, tellement marginalisé sinon méprisé.

Dès la fin du discours du Premier ministre, on a vu Marine Le Pen assumer avec un sourire gourmand son rôle de « faiseuse de roi ». On a pu du reste remarquer avec une certaine gêne que ses propos ont été écoutés plus en silence que ceux du Premier ministre. Quant aux orateurs des groupes de la macronie et de la droite, on a eu parfois le sentiment qu’ils soutiendraient ce gouvernement avec beaucoup de distance, de prudence et même quelques arrières pensées .

Dans les jours qui viennent, la gauche portera une motion de censure, certes nécessaire, mais  que l’on sait déjà vouée à l’échec. Comment s’étonner alors que cette vie parlementaire apparaisse aux yeux de nos concitoyens comme un jeu de rôle sinon un théâtre d’ombres ? Il est pourtant vital que les citoyens ne délaissent pas la politique, aussi décevante qu’elle puisse leur apparaître trop souvent. C’est tout l’enjeu de nos engagements locaux, au plus près des habitants, comme dans la mise en place de nos pratiques de démocratie participative. La République ne vit pas seulement dans les palais nationaux, il nous appartient de la faire vivre au quotidien, « ici et maintenant ».