BAPTISTE MÉNARD

« Où en est la sociale-démocratie à la française ? » - Retour sur la conférence débat de rentrée de La Convention du Nord

« Où en est la sociale-démocratie à la française ? » – Retour sur la conférence débat de rentrée de La Convention du Nord 

 

 

Le mercredi 18 septembre,Martine Filleul et Baptiste Menard, co-référents du mouvement La Convention, de Bernard Cazeneuve, avaient invité Pierre-Nicolas Baudot, docteur en science politique et Jean-Christophe Cambadélis, président de « Nouvelle Société » à s’interroger sur « Où en est la sociale-démocratie à la française ? ».

 

Plus de cinquante auditeurs ont répondu à l’invitation. Parmi lesquels les Maires de Villeneuve d’Ascq, de Mons-en-Baroeul et de Ronchin, ce dernier accueillait la réunion dans son Hôtel de ville. En présence aussi de Bernard Derosier, ancien député de la circonscription et de militants du Parti socialiste, du Parti radical de gauche, le centre gauche, du Mouvement des Citoyens et d’autres partis et mouvements de gauche.

 

Ils ont entendu Pierre-Nicolas Baudot présenter ses analyses sur la dissusion des idées sociales et politiques dans la société et à travers les organisations politiques, en l’occurrence les partis de gauche. Ses recherches l’ont aussi amené à étudier plus particulièrement les questions relatives à la place des immigrés dans la société politique.

 

Pour Jean-Christophe Cambadélis, ancien Premier secrétaire du Parti socialiste, et auteur du « Bingbang social – démocrate » (éditions VA 2022) « il n’y a jamais eu de véritable sociale-démocratie en France ». Du fait, en particulier, de la « Charte d’Amiens », et donc la séparation entre le mouvement syndical et le Parti socialiste. Plus largement, Jean-Christophe Cambadèlis analyse la prégnance de la radicalité dans le mouvement socialiste en France. Malgré la synthèse jauréssienne, il n’y a pas eu, en France de véritable théorisation de la sociale-démocratie. De même, après 1920 et le passage de la majorité de la SFIO au Parti communiste, Léon Blum ne veut pas « laisser d’espace sur sa gauche ». Il ne gouvernera qu’en élaborant la notion « d’exercice du pouvoir » lors du Front populaire de 1936. François Mitterrand, au congrès d’Epinay, tient lui aussi un discours de « rupture » pour aboutir à l’Union de la gauche dont le Parti socialiste deviendra la force principale. Ce n’est qu’à cette condition que la gauche peut rassembler et aboutir au pouvoir.

 

Ainsi, paradoxalement peut-être, « l’heure est à la sociale-démocratie ». Une gauche dominée par la radicalité et les outrances, c’est une gauche qui refuse de gouverner. Pour Jean-Christophe Cambadélis, la sociale-démocratie doit répondre à trois questions nouvelles : la « révolution de l’immatériel » dans l’économie, qui pose autrement celle des rapports sociaux ; la question écologique et du changement climatique et celle de la montée des mouvement illibéraux à l’échelle européenne et même mondiale.

 

Pour Jean-Christophe Cambadélis, comme pour celles et ceux qui étaient venus l’écouter, Bernard Cazeneuve devrait avoir été nommé Premier ministre. Il dénonce avec force le positionnement du Parti socialiste qui a fourni un « prétexte » au Président de la république pour ne pas le désigner. Et il ironise sur le dernier « pas de clerc » du Parti socialiste qui vient de décider de soutenir la proposition aberrante de LFI de « démettre » le Président de la république … tout en affirmant s’y opposer ! Alors que refuser de suivre ce mot d’ordre dont on sait qu’il ne peut pas aboutir aurait pu permettre aux socialistes de sortir de la position de soumission et de suivisme vis à vis du parti de Jean-Luc Mélanchon.

 

Or, aux yeux de Jean-Christophe Cambadèlis, seul un candidat social-démocrate peut battre Marine Le Pen lors de la prochaine élection présidentielle. La construction d’un mouvement social-démocrate est donc une urgence démocratique. Le prochain congrès du parti socialiste sera une étape essentielle dans cette construction. Mais il restera à rassembler au-delà de celui-ci, ce qui est la tâche à laquelle il appelle ses auditeurs.

 

Lors des échanges qui ont suivis, les intervenants, et en premier lieu les Maires de Villeneuve d’Ascq et de Mons-en-Baroeul, ont exprimé leur colère devant les positionnements communautaristes du candidat LFI dans la 2 eme circonscription, où se tenait la réunion. Une circonscription dont de nombreux Maires appartiennent de fait à la mouvance sociale-démocrate, où existe un électorat de gauche qui ne peut se satisfaire de devoir voter pour un candidat dont les valeurs et les comportements sont, aux yeux de beaucoup, aux antipodes des valeurs de la gauche. 

 

C’est dire que cette première rencontre devra être suivie d’autres moments de concertation pour préparer l’avenir.

 

Martine Filleul & Baptiste Ménard dans leur conclusion ont d’ailleurs confirmé que les thèmes de laïcité, de la politique de la ville, de la République, de la Démocratie, ou encore de la sociale écologie seront abordés lors de prochaines rencontres. 

 

Plus que jamais, nous sommes donc mobilisés pour faire vivre la sociale démocratie et structurer La Convention dans notre département du Nord !