Dans un article sévère, le journal « Le Monde » du 17 août stigmatisait la volonté du Président Emmanuel Macron de [vouloir] arrêter le temps ou le voir s’étirer indéfiniment en repoussant une fois encore la nomination d’un Premier ministre après des élections imposées par la dissolution décidée par le Président et perdues par la majorité présidentielle.
Plus généralement, on peut certes s’interroger sur la volonté des décideurs de rester les « maîtres des horloges », et comprendre que, selon une formule attribuée à François Mitterrand, il est parfois nécessaire de laisser du temps au temps . Mais à la condition que cela n’amène pas à appliquer, jusqu’à la caricature, une autre formule, peut-être apocryphe, attribuée elle à Henri Queuille selon laquelle : « il n’est pas de problème qu’une absence de solution ne finisse par résoudre. »
Après les dernières élections législatives, on a vu les partis du Nouveau Front Populaire annoncer l’imminence d’une proposition de nom pour le poste de premier ministre, avant de laisser s’étirer, durant tout le mois de juillet, une sorte de casting improbable et quelque peu hors sol qui a eut vite fait de lasser les Français. Pendant le Tour de France, le Parti Socialiste faisait ainsi mine de participer à la désignation d’un « maillot jaune », tout en donnant l’image de faire la course dans la « voiture balais ».
Le Parti Socialiste, après un congrès qui l’engageait dans la feu « NUPES », puis la décision de présenter une liste autonome à l’élection européenne, s’est rallié sans tergiverser au « Nouveau Front Populaire ».
Tout en alternant quelques expressions de mauvaise humeur et beaucoup de silences coupables face aux extravagances et aux provocations de LFI et de Jean-Luc Mélenchon.
Et son Premier secrétaire se refuse à admettre que les décisions du congrès de Marseille sont à l’évidence caduques, et donc à engager le processus d’une nouvelle consultation des militants ou bien même de répondre à la demande de notre courant « Debout Les Socialistes » qui par la voix d’Helene Geoffroy a demandé la tenue d’une Convention stratégique.
S’agit-il, là aussi, d’une volonté se croire « maître des horloges » au risque de n’associer une fois de plus les militants aux décisions qu’une fois qu’elle auront été prises, ou d’une incapacité à définir une ligne politique autrement qu’en réaction à d’autres ?
La campagne de la liste de Raphaël Gluksmann avait ramené vers le Parti Socialiste des citoyens qui s’en étaient éloignés depuis des années, et en avait amené de nouveaux ; tout comme, il est vrai, l’espoir né du Nouveau Front Populaire. Mais l’espoir est une denrée éminemment périssable.
Bien sûr, ouvrir le débat au sein du Parti Socialiste, définir une nouvelle ligne politique en cherchant à y associer, sous des formes nouvelles, de nouveaux partenaires, n’est pas exempt de risques de divisions, voire de fractures.
Mais il serait pourtant illusoire de croire qu’il soit possible d’attendre que le temps seul résolve les questions existentielles qui se posent aux socialistes !