BAPTISTE MÉNARD

Billet d'humeur - Salomé Saqué nous invite à "Résister" !

Salomé Saqué est une journaliste qui ne se cache pas d’être engagée, en particulier dans la lutte contre l’extrême-droite.  Résister qu’elle vient de publier en octobre 2024 est donc bien sûr un livre militant, mais pas que. Elle propose en effet dans une première partie une sorte « d’état des lieux » de ce danger qui vient en France et en Europe. Les « marqueurs » de l’extrême-droite (elle fait le choix de ne pas utiliser le mot de « fascisme » qui finit par perdre de son sens à force d’être galvaudé) sont connus, mais ils nous interpellent plus encore en cette fin du mois de novembre. Ainsi, entre autres : Le rejet de l’immigration et de la diversité, avec les propositions du RN de remise en cause de l’Aide Médicale d’Etat, à l’heure où le Premier ministre s’engage à la réduire pour tenter d’échapper à la censure. L’hostilité aux droits des femmes et des minorités sexuelles, alors qu’un membre du gouvernement joint sa voix aux mouvements les plus réactionnaires (issus de « la manif pour tous » et des intégristes catholiques) pour dénoncer le programme d’éducation à la sexualité dans les écoles.
 
Mais, au-delà même de ces exemples, l’auteur souligne avec raison que la première bataille est culturelle  Elle nous invite donc à porter le combat sur ce terrain. En cherchant à  retrouver l’unité et recréer du lien.  En proposant une sorte de vade-mecum pour résister aujourd’hui. Mais en se refusant à « diaboliser » celles et ceux qui votent pour le RN, au risque de les conforter dans leur sentiment d’être méprisés par « les élites ». Selon elle,  lorsqu’on le peut, il est  plus efficace de ne pas s’arc-bouter sur ce qui nous oppose  mais plutôt de s’engager dans le collectif,  créer de nouveaux récits  et  cultiver la joie.
 
A ce titre, Résister  nous amène donc aussi à questionner nos modes d’action et de militantisme. Certes, la dénonciation, sans concession, de l’extrême-droite, comme de l’intégrisme et du communautarisme, reste une priorité vitale. Mais dénoncer ne suffit pas, au risque de conforter les électorats dans leurs sentiments d’être méprisés ou relégués. Il faut donc aussi être capables, même si c’est difficile, d’écouter, d’entendre, et même de respecter celles et ceux qui se sentent exclus. Pour être en mesure de leur proposer un autre horizon. Et Salomé Saqué de conclure : Aurons- nous préservé cette flamme fragile qu’est la démocratie ? Je fais aujourd’hui le pari que oui. Car ensemble, nous aurons su résister.