Quand, avec quelques amis, nous avons créé Lueurs Républicaines nous affirmions – et nous continuons à affirmer – notre engagement aux valeurs de la Gauche. Tout en étant bien conscients qu’il est des républicains sincères qui ne se revendiquent pas de la Gauche, nous restons persuadés qu’en France, la Gauche est en quelque sorte consubstantielle de l’engagement républicain. C’est le
fruit de l’histoire particulière de notre pays, avec la synthèse de Jaurès entre la République et
l’espérance socialiste : « C’est pour cela que le socialisme sort du mouvement républicain. » (Discours de Jean Jaurès à la Chambre des députés en 1893)
Certes, il n’y a pas eu que des femmes et des hommes de gauche pour défendre la République quand elle était attaquée par les factieux, du général Boulanger aux ligues des années trente jusqu’à ceux de l’OAS … ou du SAC. Il n’empêche que la gauche, et en son sein les socialistes, a toujours répondu « présent » pour mener le combat républicain, et souvent le combat patriotique, contre les collaborateurs, des Versaillais aux Pétainistes.
C’est aussi parce que nous sommes convaincus que le combat des Lumières contre les obscurantismes est toujours d’actualité que nous avons voulu, modestement, proposer d’apporter quelques « lueurs » à notre République.
Mais il est des mots que l’abus d’usage finit par banaliser, voire vider de leur sens.
Un « Front républicain » dont la droite profite mais tergiverse à appliquer elle-même ; un « arc
républicain » dont les limites varient selon ceux qui y font référence ; un homme politique qui ose proclamer sans rire « la République c’est moi ! » ; un parti de droite qui s’intitule sans vergogne « les républicains » et dont une partie rallie l’extrême droite ans barguigner ; autant d’exemples d’utilisation abusive, sinon frauduleuse, du beau mot de République. Alors, en considérant, selon les mots attribués à Albert Camus, que «mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » peut-être nous appartient-il de tenter de (re) définir les valeurs de la République « ici et maintenant » , comme il est nécessaire de (re)définir celles du socialisme démocratique de notre temps.Nul besoin, pour cela, d’attendre la parole d’un quelconque gourou. C’est un travail collectif, qu’il nous faut mener avec nos camarades, avec nos concitoyens, avec les militants associatifs et
syndicaux. Sans hésiter à innover, et sans renier les bases du combat républicain. En effet, si notre engagement républicain prend racines dans l’Histoire, il reste nécessaire de l’adapter aux réalités de notre temps.
Ce combat républicain ne peut pas être seulement un combat défensif contre les adversaires de la République. Être républicain, aujourd’hui, ce doit être aussi et surtout de proposer à nos concitoyens un projet de société qui ancre les valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité dans les
réalités de la société d’aujourd’hui.
Être républicain, aujourd’hui, c’est d’abord être scrupuleusement respectueux des règles de la démocratie. C’est donc respecter la Constitution, en gardant bien entendu le droit de souhaiter la modifier. C’est vouloir un suffrage vraiment universel, donc en ne considérant pas la montée de l’abstention comme un mal inévitable, et en ne reculant pas devant la question, récurrente, du vote
des résidents étrangers. C’est mener le débat politique en respectant ses adversaires, et sujrtout en respectant les citoyens. Donc en refusant les facilités de la démagogie et des « petites phrases »
C’est aussi ne pas limiter la démocratie aux élections. C’est répondre, de manière innovante, aux besoin de participation active des citoyens aux décisions qui les concernent, par la mise en place de formes nouvelles de démocratie participative. C’est faire vivre les valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité en prenant en compte des questions comme les droits des femmes, des minorités, des personnes en situation de handicap. Et c’est bien sûr toujours défendre les Droits de l’Homme dans toutes leurs dimensions.
Être républicain, c’est encore et toujours être farouchement attaché à la laïcité, qui n’est jamais un combat contre une religion particulière et qui ne justifie jamais des mesures discriminatoires. En prenant en compte la diversité des religions en France, en respectant scrupuleusement les droits des individus sans jamais baisser la garde devant les manœuvres des cléricaux de notre temps, des
intégristes et des communautaristes. C’est aussi ne pas laisser le beau mot de laïcité être détourné de son sens par ceux qui en ont toujours été les adversaires et qui en font une arme contre une partie de nos concitoyens. C’est appliquer réellement la séparation des religions, de toutes les religions, et de l’État. Un combat qui ne concerne pas que l’École, mais qui ne peut ignorer les inégalités sociales en son sein. Un combat qui impose de respecter la liberté de croire, comme la liberté de ne pas
croire.
Être républicain, on hésite presque à l’écrire tant cela devrait apparaître comme une évidence,
c’est bien sûr combattre, sans relâche ni compromission, toutes les formes de racisme et
d’antisémitisme, sous quelque termes qu’il tente de se dissimuler. . C’est refuser obstinément de confiner les femmes et les hommes dans leurs supposées appartenances ethniques ou religieuses.
C’est donc aussi ne jamais flatter quelque communauté supposée que se soit pour des intérêts
électoraux.
Dès lors, les femmes et les hommes qui se reconnaissent dans la Gauche, et les socialistes en particulier, ne sont pas seulement « républicains et de gauche », mais « républicains parce que de gauche». Partager la défense de la République avec d’autres qui ne se revendiquent pas de la gauche ne les amènent en rien à renoncer aux valeurs de celle-ci. C’est dans le cadre de la
démocratie et de la République que la gauche et les socialistes mènent leurs combats. Et à
l’inverse, celles et ceux qui s’affranchissent des règles de la République, qui tergiversent avec le respect des résultats d’une élection, qui flattent le populisme, qui se complaisent dans la violence des mots quand ils ne justifient pas la violence des actes, qui se compromettent avec les communautarismes ou, pire, qui tolèrent la résurgence de l’antisémitisme, ne sont pas républicains, donc n’appartiennent plus à la Gauche.
Je sais que la politique peut changer la vie de nos concitoyens lorsqu’elle est exercée avec conviction et intégrité. C’est le sens de mon engagement
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